Edouard Manet – les tableaux évoqués dans Obscura de Régis DESCOTT

 Je ne pouvais pas résister au plaisir de consacrer un billet à mon peintre préféré, Edouard Manet. Raison pour laquelle j’avais choisi de lire le roman de Régis Descott, Obscura. Je suis dingue de peinture, en particulier du 19ème siècle, ce qui m’avait poussé à entamer des études d’Histoire de l’Art. J’avais d’ailleurs consacré un dossier à Manet, sur la genèse et la révolution du nu féminin de l’Olympia. Elle est exposée au musée d’Orsay comme bon nombre de ses tableaux les plus célèbres. Aucune reproduction ne vaut l’impression de les voir en face de soi.

Voici tous les tableaux évoqués dans le roman de Régis Descott, qui noue une grosse partie de l’intrigue à partir du modèle – femme caméléon – de Manet : Victorine Meurent.

Le Déjeuner sur l'Herbe (titre initial : Le Bain) - 1863 - exposé au Musée d'Orsay

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Olympia - 1865 - Musée d'Orsay

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Le joueur de fifre - 1866 - Musée d'Orsay

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La femme au perroquet - 1866 - Metropolitum Museum of Modern Art, New York

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Vase de pivoines sur piédouche - 1870 - Musée d'Orsay

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Le Chemin de fer - 1873 - National gallery of art, Washington

Régis DESCOTT – Obscura

Livre de Poche (Mai 2010) – 474 pp.

Paru en broché chez J.C Lattès en 2009

Pour résumer: 19ème siècle finissant, Paris. Un jeune médecin fils d’un passionné de peinture, Jean Corbel, reçoit une lettre d’un ami médecin légiste. Il lui fait part d’une macabre découverte : un cadavre volé à été retrouvé, utilisé pour reconstituer Le Déjeuner sur l’herbe, le scandaleux tableau d’Edouard Manet. Une nouvelle patiente, une certaine Obscura, le trouble par sa ressemblance avec le modèle de Manet; sa femme elle-même présente quelques traits communs avec elle. Une nouvelle reconstitution morbide accélère les choses. Tout converge vers le peintre, et la folie meurtrière qu’il a inspiré chez un esprit malade.

Un roman sur la création, l’art et la folie.

Comment il est parvenu entre mes mains: j’en avais entendu parler à sa sortie en broché, dans une émission qui n’existe plus aujourd’hui: Café crimes sur Europe 1. Puis par manque de temps j’avais zappé, et en le voyant sorti en poche, j’ai décidé de remédier à cette erreur.

Impressions de lecture: je l’ai lu vite, j’avais envie de retrouver l’univers, je tournais les pages avec plaisir. Je n’irais pas jusqu’à dire « gros coup de coeur » (des éléments m’ont gênée), mais coup de coeur quand même pour l’univers.

J’ai été transportée dans le Paris des Folies-Bergères, le cabinet de médecin et les hôpitaux psychiatriques des années 1880, je voyais les tableaux de Manet, les scènes de crime. J’ai aimé l’ambiance, l’effort de plonger le lecteur dans un univers bien défini et construit. On sent la documentation, la phase de recherche et d’imprégnation.

♦ Le défaut de cette qualité est qu’on a parfois l’impression de lire un ouvrage d’histoire, un article d’encyclopédie ou un traité de médecine. Les sujets et l’univers m’intéressent personnellement, mais un lecteur qui n’a pas ce goût risque de sauter des paragraphes ou d’être perdu.

♦ Quelques formulations détonnaient dans le contexte historique, une erreur historique (l’utilisation du mot daguérréotype, ce n’était plus utilisé à la fin du siècle) mais surtout des scènes très crues m’ont gênée. La représentation des femmes est monocorde, aucune n’est épargnée, et hum, un peu de nuance aurait été TRES appréciable. Objets sexuels, victimes, prostituées, folles, cadavres, galerie de portraits pas très rafraichissants!

Je le recommande: plutôt aux amateurs de romans historiques. L’élement policier n’est pas ce qui m’a intéressée le plus car il est vraiment peu réussi en comparaison de la peinture du contexte historique. L’enquête à proprement parler se met en place  relativement tardivement, la révélation du tueur n’est pas tonitruante.  Ca ne m’a pas gênée car je suis très très cliente d’ambiances dix-neuvième, fin de siècle, etc. mais ça pourrait être un frein à des amateurs de polars plus rythmés, où le tueur est une réelle surprise et l’enquête au suspense fou.

Le petit truc en +: un interview très intéressant avec l’auteur ici.