Anne RICE – Angel Time

Arrow Books (poche : Juillet 2010, première édition : Octobre 2009) – 288 pp.

Traduction française : L’heure de l’ange – Michel Lafon (Février 2010)

Pour résumer : Un tueur à gages commence sa nouvelle mission sans grand enthousiasme : il doit tuer un riche banquier, il prend son temps et visite son église favorite, se penche sur son passé. La culpabilité de tuer, ses pêchés, etc.

Est-ce que ça vaut vraiment la peine de continuer?

Un point nécessaire sur l’auteur: il s’agit dun 27ème roman d’Anne Rice, auteur que j’ai découvert au collège il y a une dizaine années et avec laquelle j’ai passé de beaux moments de lecture. J’ai collectionné ses livres, des éditions rares, j’ai commencé à lire en anglais avec ses livres, enfin bref c’est une grande histoire. Pour moi c’était l’auteur de l’excès, de la démesure; du fantastique vampirique aux castrats italiens du 18ème à la réecriture érotique d’un conte de fée, elle a entamé un virage stylistique et un renforcement thématique autour du christianisme. Très marquée par le thème de l’immortalité, qui lui a valu son heure de gloire avec ses Chroniques des vampires, elle débute avec Angel Time (VF: L’heure de l’ange) une nouvelle série.

Comment il est parvenu entre mes mains: je l’ai boudé à sa sortie il y a un an, ça ne me disait rien, j’avais peur de la grosse bouse.

Impressions de lecture : ♦ un lecteur nouveau peut éventuellement apprécier. Mais on ne me la fait pas à moi. Le protagoniste est l’ombre, la version squelettique, anorexique délavée, de Lestat (charismatique héros des Chroniques des Vampires). Blond, yeux gris, voulant être prêtre dans son enfance, attiré par le spectacle (la musique, le théâtre, etc.) et la sainteté des églises… puis ils deviennent des tueurs, et finalement vient la rédemption, la lumière après les ténèbres. Si elle pensait que ses lecteurs les plus fidèles et ayant une mémoire qui fonctionne ne fassent pas le parallèle, c’est raté.

♦ Le style? Pour être honnête, je ne l’ai jamais vraiment trouvée très douée pour peindre l’univers contemporain, ça sonne généralement faux, sauf quelques passages des Chroniques. Elle m’a fait vibrer sur du 19ème, du 18ème, même plus loin dans le temps, mais alors là… c’est sec, cette espèce de Mafia ridicule, les flingues et tout, AU SECOURS! J’aimais son écriture généreuse, baroque, charnue et sensuelle, du genre « crème fraîche 30% de matière grasse » onctueuse et riche. Là c’est de l’allégée liquide qui m’a parue trop fade pour aller au delà de la moitié du bouquin.

Des clichés et des phrases d’une pauvreté indigne d’elle. Je n’ai senti aucun effort d’imagination, c’est du réchauffé de précédents livres, le goût en moins. Aucune passion ne s’est dégagé de cet écrit. Comme si elle faisait « son job », qu’elle appliquait une recette commerciale sans ajouter sa patte. Ce roman été marketé comme « thriller chrétien ». Je ne sais pas ce que cela signifie au juste, mais je dirais que c’est du vite fait vite imprimé vite emballé.

→ Je suis d’autant plus critique et dure que je ne connais son oeuvre et sa carrière sur le bout des doigts.

Je le recommande: si vous voulez découvrir Anne Rice, je vous en prie, faites-vous (et faites-moi!) plaisir : tout sauf ça. Entretien avec un vampire, quelques autres titres des Chroniques valent vraiment le coup aussi comme Le vampire Armand, La voix des anges, ou encore la Saga des sorcières (trilogie). Si vous l’avez déjà lue et apprécié, c’est à vos risques et périls.

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10 commentairesLaisser un commentaire

  1. hé bien, tu l’as habillé pour l’hiver ce roman! j’ai emprunté Merrick à la bibli, il n’y avait rien d’autre de Rice ce jour-là. j’espère que ce ne sera pas du même acabit!

    • La lecture c’est épidermique chez moi 😉
      Et je suis d’autant plus critique pour Anne Rice que je connais très bien son travail.
      Merrick n’est pas le meilleur tome des Chroniques des Vampires mais j’en ai gardé un plutôt bon souvenir. par contre si tu n’as pas lu les tomes précédents tu risques de ne pas tout comprendre en ce qui concerne les relations entre les personnages, l’idéal ça serait de commencer avec Entretien avec un vampire (il y a aussi le film qui est très fidèle). bonne lecture!

  2. Ah ! « Entretien avec un vampire », que d’émotions, autant le livre que le film ! J’ai beaucoup lu Anne Rice il y a une dizaine d’années, voire un peu plus, mais maintenant ses bouquins récents m’attirent moins…

    • Ce bouquin m’a renversée quand j’avais 14 ans, j’ai tout dévoré d’elle pendant des années… mais ces derniers romans n’ont plus cette flamme, tu ne manques rien.

  3. Je ne suis pas trop portée vampires, alors je passe.

  4. Je suis entièrement d’accord. J’ai été très déçue, moi qui était habituée au flamboyant Lestat. Quelle déception que ce livre bourré de bons sentiments…

  5. Tout à fait d’accord avec vous. Anne Rice a bien le défaut américain dans l’écriture : ça tourne autour du pot. Je vous suggère de vous frotter à la britannique Storm Constantine. L’écriture est bien meilleure, ça a plus de relief. Peu d’ouvrages traduits en français : un seul (‘Burrying The Shadow’ – ‘Enterrer l’ombre’ et ‘Exhumer l’ombre’ en VF), qui offre une nouvelle perspective sur le thème du vampirisme assez étonnante. Plus riche et plus substantielle que sa consœur américaine.

    • Merci pour votre visite.
      Je suis vraiment très loin de partager votre antiaméricanisme… j’aime la littérature anglophone et les USA comptent des auteurs extraordinaires, classiques et contemporains. Comme partout la diversité de la production éditoriale est un fait.
      Mais je persiste et signe, la qualité littéraire des premiers romans d’Anne Rice est significative. Des universitaires l’ont démontré avant moi : la richesse thématique, le substrat philosophique (héritage de l’existentialisme), le renouveau du mythe du vampire, la réutilisation du gothique et j’en passe.
      Le roman dont je parle dans ce billet ne traite pas de vampires, et indépendamment du sujet je le trouve mauvais. Mais cela n’enlève pas les qualités du début de sa carrière, niveau substance et richesse que vous évoquiez justement.
      Bref.
      Je connais Strom Constantine de nom mais ne l’ai jamais lue, et cette recommandation me rappelle que j’avais été assez tentée par ce roman à une époque, donc why not! 😉
      x

      • Ah, je vous encourage vivement à vous lancer dans la lecture de cet auteur-ci. Peut-être avez-vous vu plus d’anti-américanisme (littéraire, s’entend) dans mon propos que je n’en éprouve vraiment. Il y a évidemment bien des auteurs fascinants (McCullers, Faulkner… pour ne citer qu’eux). Si cela vous intéresse, un étudiant qui a rédigé une thèse sur Storm Constantine.

  6. Oui je parlais évidemment « d’anti-américanisme » littéraire 😉
    Je préfère me faire un avis sur l’oeuvre originelle avant de lire de la critique, et puis pour être honnête je ne lis plus de critique (universitaire s’entend, je lis toujours des articles de presse spécialisée). Je suis issue d’une formation littéraire et la critique a failli me dégoûter de la passion que j’ai pour la littérature. Je préfère largement l’art au commentaire 😉 surtout pour découvrir un auteur que je n’ai jamais lu, par exemple Storm Constantine.


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